De la Forêt noire à la ville bleue Emanuel peint les éléments
Installé depuis décembre dans un petit apparte- ment-atelier de l’avenue Pierre-Guéguin, Emanuel Ogroniczek est venu à Concarneau pour peindre cette mer qui le fascine. L’artiste allemand, accom- pagné de son épouse Lise, est tombé sous le charme de la ville et de ses habi- tants.
« Il me manque la langue françai- se, mais je sais que j’ai pris une décision qui va me marquer » : scrutant le port depuis une fenê- tre de son appartement, Ema- nuel Ogroniczek raconte sa joie de vivre à Concarneau. Peintre professionnel depuis une dizaine d’années, cet Allemand d’origine polonaise a fait il y a deux mois le choix de s’installer avec son épouse dans la ville bleue, pour peindre la mer.
« Un rapport à la mer fascinant »
C’est que, dans son grand atelier situé à Lahr, en plein cœur de la Forêt noire, il a longtemps tra- vaillé sur les quatre éléments (l’eau, l’air, le feu, la terre). Après une série sur l’air, lui est apparue l’envie de se jeter… à l’eau. Il lui fallait pour quelques mois un contact quotidien avec l’océan. « L’été dernier, nous avons fait le tour du Finistère, pour trouver un endroit où habi- ter, et Concarneau est sorti du lot : cette ville a un rapport à la mer fascinant », explique l’artis- te, âgé de 42 ans.
Tous les jours, dès 9 h, il peint, uniquement avec la lumière du jour, ne s’accordant des pauses que pour observer la mer, aux Sables-Blancs le plus souvent. « J’étudie le langage de l’eau : même en la représentant de la façon la plus réaliste possible, une dimension abstraite apparaît toujours quand on fixe la toile », explique l’ancien étudiant en design. Il évite cependant les des- sins trop parfaits d’une vague ou d’une houle : « Si les gens veu- lent y voir quelque chose d’autre, tant mieux… »
Toiles en plusieurs parties
Emanuel a ici la chance de s’ex- primer sur un sujet qu’il a choisi. Les œuvres de commande repré- sentent une partie importante de son travail en Allemagne. Un pays où il commence à se faire un nom, notamment depuis cet- te toile de quatre mètres sur qua- tre sur le thème de l’air, divisée en 324 pièces, dont 290 avaient été vendues le soir du vernissa- ge. Dans ses toiles concarnoises, on retrouve cette division en plu- sieurs parties, comme si plu- sieurs œuvres n’en faisaient qu’une. On y note aussi l’absen- ce d’êtres humains. Ce n’est pas le cas dans la vie d’Emanuel à Concarneau : « Je fais beaucoup de rencontres, les gens viennent vous parler sans problème au bar, c’est très amical ». De quoi hésiter sur la date de son départ : d’abord prévue fin février, elle pourrait être repor- tée au mois d’avril. Cet « Alle- mand atypique », comme il se définit, a eu le béguin pour la vil- le et l’océan. Il aimerait que cet- te belle histoire dure encore un peu.
Le Télégramme, Mercredi 8 février 2006
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